Ça y’est, nous sommes enfin libérés du monstre.
Pour rappel, lorsque nous avons monté TERRE EN CIEL EDITIONS fin 2017, nous n’avions qu’un seul livre à notre catalogue : « L’Homme à la tête de chat ».
Et dans ces conditions, aucun distributeur ne voulait de nous. Et tous les auteurs préfèrent une maison d’édition qui a un diffuseur pour être présents en librairie et s’ils ne trouvent pas d’éditeur, ils s’auto-éditent sur Amazon ou Lulu.com…
Pas d’auteurs, pas de distributeur, pas de distributeur, pas d’auteurs. Alors comment faire ?
Déjà que la plupart des petits éditeurs meurent quand les plus gros survivent grâce à leurs best-sellers, vous comprenez-bien que monter une maison d’édition à partir de rien relève du défi.
Et pourtant, tout est possible quand on y croit !
« L’Homme à la tête de chat » se vendait bien grâce à une communication intense sur les réseaux sociaux, et il était (et est toujours) très apprécié.
J’avais déjà écrit un article pour l’expliquer, mais la seule solution que j’ai trouvé à l’époque était d’utiliser le service « expédié par Amazon ».
Voilà comment ça fonctionne : on livre Amazon, ils stockent les livres et dès qu’il y a une commande, ils expédient la commande.
Il faut reconnaitre qu’ils sont capables d’expédier des centaines de livres et qu’ils sont efficaces pour ça.
Par contre, ça revient très cher :
- Frais de stockage
- Frais d’expédition
- Autres frais (parfois inexplicables)
Commissions de 45% quand le livre est vendu depuis leur site Internet !
Au final, entre les frais d’impression, de livraison et Amazon, l’éditeur de gagne pas d’argent.
La première fois, on s’est bien fait avoir : ils ont étiqueté les livres à même la couverture avec un code SKU qui recouvre le code barre.
Et ce, bien entendu, sans nous demander notre avis. Coût imposé de l’opération : 1000 €
Avec Amazon, il n’y a pas de discussion : les sommes facturées sont immédiatement débitées sur le compte et il n’y a pas de recours possible. Les hotlineurs noient le poisson ou bottent en touche et la société est basée on ne sait où à Dublin. Impossible d’envoyer une lettre de mise en demeure ou un courrier d’avocat.
Quand nous faisions le bilan annuel avec le cabinet comptable et que je demandais quelles étaient les charges qui nous occasionnaient le plus de pertes, la réponse était spontanément la même : AMAZON.
Je pourrais écrire un livre pour expliquer comment se conduit le monstre AMAZON avec ses vendeurs et comment il s’arrange toujours pour les presser comme des citrons et gagner un maximum d’argent sur leurs dos.
Ensuite, le miracle s’est produit : grâce au succès de « l’Homme à la tête de chat » (près de 40.000 ex vendus en 2 ans), DG DIFFUSION accepte de signer un contrat de distribution/diffusion avec TERRE EN CIEL EDITIONS.
Mon rêve allait enfin se réaliser : voir nos livres distribués en librairie !
Du coup, nous n’avions plus besoin d’AMAZON, mais cela restait la seule solution pour vendre en B2C depuis notre site Internet.
Nous avons donc gardé un quelques temps la « Market Place » Amazon, le temps de nous rendre compte que la situation s’empirait. Avec la crise sanitaire, les services se sont quasiment arrêtés, plus moyen d’avoir un interlocuteur au téléphone.
On peut comprendre que le contexte compliquait les choses pour eux aussi, mais après le premier confinement, rien n’a changé, et le bouton « être rappelé par un conseiller » n’est jamais réapparu.
Par contre, la facturation d’Amazon ne s’est jamais arrêtée, elle.
Nous n’en pouvions vraiment plus de voir ces sommes débitées sur notre compte en banque, sans explication, sans analytique.
Deuxième miracle : notre imprimeur à Limoges, l’entreprise Maqprint a décidé de monter une plateforme logistique : ils impriment les livres, les stockent et les expédient. Et ceci, à des conditions tout à fait honnêtes.
Si un livre n’est plus en stock, ou que je ne souhaite pas avance de trésorerie en l’imprimant, ils impriment à la demande (le fameux « book on demand »). Cette pratique existait déjà avec Amazon pour les auto-édités. Elle existe aussi pour les éditeurs distribués par la filiale de Hachette (Lightning Source).
La GROSSE différence (en dehors du coût) est qu’avec Maqprint, on a de vrais interlocuteurs au téléphone, par mail etc. Ils parlent Français et j’entends distinctement quand je leur parle.
S’il y a un problème, on trouve des solutions ensemble, on peut dialoguer.
Alors qu’avec Amazon, on ne dialogue pas, on a juste l’impression d’avoir une entité complètement déshumanisée, une machine qui fait penser que le transhumanisme est déjà là…
Entre temps, j’ai été informé de la vente sur Amazon de poupées sexuelles d’enfants (regardez cet article si vous ne me croyez pas). Le secrétaire d’état chargé d’enfance et des familles a dû les obliger à arrêter de les vendre !
Aujourd’hui, les petits libraires sont obligés de fermer (confinement oblige) tandis qu’Amazon va continuer à se gaver. Je ne veux pas faire mon complotiste, mais si le plan était de nous mener vers une économie où les plus riches ont le monopole de tout, cela m’aura d’autant plus poussé dans mon élan : Goodbye Amazon !
Lorsqu’en Août, j’ai demandé à Amazon de nous rendre nos livres (ils avaient encore 5000 pièces environ), cela a été très long et difficile…évidemment.
J’ai dû attendre fin octobre pour les récupérer et ai fait opposition sur la carte bancaire de la société sur laquelle ils continuaient bien sûr à prélever les frais de stockage, etc. !).
A l’époque où nous n’avions pas le choix, de nombreux internautes réagissaient et les libraires n’étaient pas contents de recevoir des colis AMAZON quand ils commandaient le livre.
Je suis désolé s’ils ont été contrariés. Sachez mes amis libraires, que nous avons tout fait pour rentrer dans le circuit et que depuis un an, vous pouvez commander nos livres via votre plateforme habituelle et que c’est DG DIFFUSION qui prend en charge vos commandes, avec vos remises habituelles.
Grâce à tout cela, nous avons atteint un rythme d’une à deux publications par mois, et des auteur(e)s comme Aline Peugeot nous ont rejoint. Nous avons la chance d’avoir des auteurs de qualité avec qui nous travaillons avec passion.
Je remercie encore une fois notre partenaire DG DIFFUSION qui aura rendu tout cela possible, et aussi notre imprimeur Maqprint qui produit des livres magnifiques et qui sait être moderne.
Je ne saurais que trop recommander cette société Française à tous les confrères éditeurs qui cherchent des solutions techniques et économiques.
Si vous voulez les contacts, visitez leur site ou écrivez-nous.
Je remercie aussi Marine Dumontet-Brouchon, notre éditrice, qui réalise un travail remarquable avec les auteurs.
Soyons solidaires des petits commerçants et notamment de nos libraires en disant…Goodbye Amazon !
Daniel Tahl.